Carnaval...

Limoux, 21h56…

 

Les confettis s’agglutinent sur les pavés mouillés de la Place de la République

 

La place est vide, complètement vide. Sous les arcades médiévales, quelques rares personnes relèvent frileusement le col de leurs manteau, se frottent les mains, sautent sur place pour se réchauffer ou fument une cigarette, derniers témoins, avec les confettis, que la fête est pourtant passée par là…Certains s’embrassent et se séparent ; leurs pas résonnent sur les pavés qui brillent et se fondent dans la nuit qui entoure la place…Dans les cafés il n’y a pas plus de monde que ça.

Une ambiance étrange, insolite et je ne comprends pas, tout se bouscule dans ma tête …Où est passé le Carnaval ?  À la sortie de 16H30 ou 17H succède invariablement celle de 22H. On est samedi (16 janvier), l’aiguille frôle les 10H dans le silence le plus total, et les « meuniers », comme il est de coutume, ont  pourtant solennellement ouvert les festivités le dimanche précédent.

 

J’ai fait la route depuis Port la Nouvelle, route sombre, noire, interminable et humide d’une journée d’hiver,  avec au bout, dans ma tête,  la chaleur et le souvenir lumineux de sorties des années précédentes ; l’image d’une place envahie par la foule où flotte l’odeur sucrée des « chouchous », des beignets ; les cafés débordent de monde. Il faut se frayer un passage et se hisser sur la pointe des pieds pour apercevoir les bandas qui tournent inlassablement sous les couverts au son de la musique lancinante qui entraîne tout avec elle, les confettis, les « carabènes » (roseaux enrubannés)  qui ponctuent chaque geste et la grâce du mouvement des mains, le public qui se mêle à la danse, les couleurs chatoyantes des « masques » qui brillent dans la nuit à la lumière mystérieuse des « entorches » (ces « entorches » à la fabrication desquelles  -souvenir inoubliable- j’ai eu le rare privilège d’assister il y a quelques années grâce à …Joê Bousquet ! cherchez le lien … )

 

Il est 22 H à l’horloge. Nous sommes là déçus, piteux, désorientés, ne voyant d’autre issue que de penser au chemin du retour (les amis catalans de passage ce samedi ne connaîtront finalement pas le Carnaval que je leur avais tellement vanté). Mais tout à coup, arrivant de nulle part, un filet de musique familier nous frôle les oreilles… Est-ce un mirage ?  Une illusion, effet de la désillusion ?  Non !  La musique gonfle miraculeusement, se précise, s’amplifie, et soudain éclate sur la Place de la République. Ils sont là les Pierrots, la « banda » des Remenils et celle des  Infialures d’Achille, éclaboussant  la nuit de leurs paillettes dorées ; ils vont tourner et tourner encore…Il y a aussi quelques masques « indépendants », grotesques, drôles et ridicules, rescapés des sorties du matin et de  l’après-midi, l’âme même de Carnaval.

Et tant pis si la Place est vide !  Carnaval est lui une fois de plus bien vivant.

 

(Rendez-vous sur Internet pour une prochaine sortie de Carnaval)

 

Marie-Lise

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